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Passang & Thinlay's blog
12 juin 2010

Disneylhasa destiné aux touristes pour engraisser l'ogre chinois...

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Le 23 mars 2009, l’agence de presse chinoise (Xinhua) a annoncé que Lhasa allait devenir « une ville touristique internationale, tirant parti de son plateau unique et de ses caractéristiques ethniques ». Le Conseil d’Etat, c’est-à-dire le gouvernement chinois, à Pékin, a approuvé un plan d’ensemble pour la période 2009-2020. Que cela signifie-t-il ? D’abord, Lhasa sera au cœur de deux itinéraires touristiques. Le premier est celui du thé : l’ancienne route du thé, popularisée par une série télévisée et par des articles de journaux, reliait Lhasa au Yunnan. Le second est éminemment politique, puisque c’est celui des relations « Tang-Tubo ». Il faut comprendre par là une route qui commémore l’alliance entre l’empire chinois des Tang (618-948) et l’empire tibétain (appelé Tubo en chinois, VII-IXe s.). Cela s’inscrit dans la ligne de la mise en avant de la « princesse chinoise » Wencheng (en réalité, une nièce de l’empereur Taizong) qui a épousé le premier grand empereur tibétain, Songtsan Gampo (il avait cinq autres épouses, non chinoises, mais cela, la route oubliera peut-être de le dire). On peut supposer que cette célébration des liens séculaires entre Chine et Tibet se concrétisera par l’érection de centres commémoratifs là où la légende ancienne et la propagande récente placent le passage de la « princesse » en chemin de Pékin à Lhasa. China_Lhassa_Johkang_Temple_30juin2006_1 Deuxièmement, le dernier quartier encore tibétain, celui du Barkhor, sera préservé nous dit-on, tout en ajoutant que « les activités de service telles que les restaurants les hôtels, les aires de repos, et les centres commerciaux seront aussi grandement développés ». Il y a là comme un défi impossible à relever. En effet, cette minuscule aire encore plus ou moins conservée en l'état (mais déjà bien altérée), grignotée un peu plus chaque année au nom du progrès et du développement touristique, risque vite de se transformer en Disneyland. Enfin, de grands parkings vont être construits près des sites touristiques. Le but : pouvoir recevoir, eh oui vous avez bien lu, douze millions de touristes par an en 2020. Avec quatre millions en 2007, la ville de Lhasa avait déjà perdu une partie de son charme. On n’ose imaginer ce qui se passera avec trois fois de monde. Qui plus est, la conception que se font les touristes chinois qui viennent à Lhasa (ils représentaient 92% du total en 2007) est assez sommaire : pour goûter le Tibet, Lhasa peut se contenter d'offrir le Potala, le Ramoche et le Jokhang, deux ou trois soirées spectacles avec des Tibétains fagotés à la tibétaine et dansant joyeusement  - n’oublions pas que les Tibétains se caractérisent par un amour de la danse et de la chanson, car ce sont d’innocentes minorités nationales, avec une âme d’enfant. Il importe donc peu dans cette optique qu’une vie locale, un mode de vie tibétain, puisse être préservé. Déjà, depuis quelques années, les petits cafés où les habitants du quartier pouvaient déguster un thé au lait, ou un thé au beurre, et une soupe aux nouilles sommaire, pour quelques sous, cèdent la place à des établissements qui se veulent chic, chers, clinquants, et destinés à une clientèle touristique. Les prix pratiqués sont dissuasifs pour les clients locaux. Depuis 2006, c’est-à-dire depuis l’arrivée du train à Lhasa, ce genre d’établissement sans âme et qui s’en tire avec trois décors à la tibétaine pour faire « caractéristique ethnique », a connu un fort développement. la_police_chinoise_se_protege_des_manifestants_contre_le_regime_communiste_chinois_a_lhasa C’est une nouvelle à déplorer car les Tibétains, comme d’habitude, n’ont pas été consultés. En effet, la décision a été prise à Pékin.  Qui mieux que les bureaucrates de Pékin peut statuer sur ce qui est bon pour les Tibétains, un peuple pas tout à fait civilisé, qu’il faut mener sur le droit chemin du bonheur, c’est-à-dire du développement économique ? A la clé de la transformation de Lhasa en ville touristique, il y a trente milliards de yuan (2,8 milliards d’euros) de revenus, nous dit-on. Très bien, mais à qui cette somme profitera-t-elle ? Au petit paysan qui n’a pas d’argent pour envoyer son enfant au collège malgré les grands bienfaits apportés par le grand frère libérateur ?

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